Baril encore en baisse

Le pétrole en baisse, craintes sur la demande et regain du dollar

Une pompe à essence
© AFP/Archives Behrouz Mehri
Les cours du brut évoluaient toujours en baisse vendredi matin, perdant deux dollars à Londres et à New York, en raison des craintes sur la consommation, un regain du dollar et malgré la fermeture d'un oléoduc en mer Caspienne à la suite d'une explosion.

Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent pour livraison en septembre perdait 2 dollars à 115,86 dollars par rapport à la clôture de jeudi soir sur l'InterContinental Exchange de Londres.

A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre cédait 2 dollars à 118,02 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Comme depuis trois semaines, les cours du baril d'or noir restaient sur un mouvement général de baisse dû à la contraction de la demande dans les pays industrialisés, affectés par le ralentissement économique.

Les Américains ont par exemple consommé 2,3% d'essence en moins sur les quatre dernières semaines par rapport à la même période l'année dernière, a annoncé mercredi le département à l'Energie (DoE).

La baisse des cours du brut était alimentée également par un nouveau regain de la devise américaine vendredi matin, alors qu'un billet vert faible incitait précédemment les investisseurs à se réfugier dans les matières premières, d'autant plus rentables que les prix sont libellés en dollars.

"Le fait que Jean-Claude Trichet (président de la Banque centrale européenne, ndlr) ait abandonné son déni arrogant des difficultés économiques de la zone euro a joué en faveur du dollar sur le marché des changes" ajoutait Olivier Jakob du cabinet Petromatrix, en référence aux propos tenus après l'annonce du statu quo de la Banque centrale européenne.

"La plupart des investisseurs ont revu leurs positions sur les matières premières, une tendance qui pourrait s'accélérer si le dollar poursuivait son rebond" précisait l'analyste.

La veille, les cours avaient été tirés à la hausse par la fermeture d'un oléoduc exploité par BP. L'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) restera fermé environ quinze jours après avoir été touché mardi soir par un incendie provoqué par une explosion sur un tronçon situé à l'est de la Turquie, a indiqué jeudi l'agence turque Anatolie.

Cet oléoduc, inauguré en 2006, transporte le pétrole depuis la mer Caspienne jusqu'au port turc de Ceyhan, sur la Méditerranée, avant d'être acheminé vers les marchés occidentaux. Exploité par le groupe pétrolier BP, il a une capacité de transport maximale d'un million de barils par jour.

BP a annoncé avoir commencé à réduire sa production dans la région, afin d'éviter d'engorger ses installations, sans pour autant chiffrer cette diminution.

Les investisseurs gardent aussi un oeil sur l'avancée des discussions autour du programme nucléaire iranien, les Etats-Unis envisageant de nouvelles sanctions contre Téhéran, en l'absence de "réponse claire" sur l'offre de coopération internationale.

L'Iran, quatrième producteur mondial d'or noir, a menacé de fermer le détroit d'Ormuz par où transitent environ 40% du pétrole mondial.

Par ailleurs, l'Irak reprenait vendredi l'exploration de ses immenses réserves de pétrole après environ vingt ans d'interruption causée par l'embargo de l'Organisation des nations unies.

Le prix du baril pourrait monter jusqu'à 200 dollars, prédisait l'institut de recherches britannique Chatham House, dans un rapport publié vendredi, attribuant cette crise à un investissement dans le secteur pétrolier "inadapté" au cours des années 90.

L'auteur du rapport, Paul Stevens, estime cependant qu'une hausse des prix aussi forte "pourrait briser l'opposition à un plus grand interventionnisme des gouvernements dans les secteurs énergétiques, faisant ainsi pour la politique énergétique ce que le 11 septembre a fait pour les politiques de défense et des sécurité aux Etats-Unis".